Article dans la Liberté du 04.10.2019
L’école où vivre ensemble s’apprend
Photo © Alain Wicht
Une association projette d’ouvrir une école alternative en Gruyère et dans le Grand Fribourg. Rencontre
MAUD TORNARE
Broc » Une nouvelle offre éducative pourrait être proposée dès la rentrée 2020 en Gruyère. Créée à la fin 2018, une association projette d’ouvrir une école alternative dans les locaux du Village de la Paix à Broc. Fruit d’une initiative citoyenne, Ecole Demain souhaite proposer un enseignement en lien direct avec la nature et basé sur la pédagogie de la coopération.
Né dans le sillage du collectif Fribourg Demain, un groupe d’une vingtaine de personnes habitant le canton s’est formé autour de ce projet. Rencontre avec quatre d’entre elles.
Absence de compétition
Constitué de parents, de grands-parents, d’étudiants, d’enseignants et de personnes de divers horizons socioprofessionnels, le groupe s’est réuni pour la première fois à la fin 2016. «Le documentaire Quels enfants laisserons-nous à la planète, qui présente l’école du Colibri, a été le point de départ de notre réflexion», indique la Gruérienne Tania Wiedmer, maman de deux enfants.
Située dans le département de la Drôme en France, cette école privée est l’une des sources d’inspiration de l’association. L’enseignement y est basé sur la pédagogie de la coopération, soit l’apprentissage par le vivre ensemble. «C’est une pédagogie respectueuse des besoins de l’enfant et de son développement. Au lieu d’être en situation de compétition, les élèves travaillent ensemble. La solidarité et la bienveillance font partie des valeurs qui sont au cœur d’Ecole Demain», décrit Elisabeth Weissbaum, ancienne collaboratrice pédagogique pour la scolarisation des enfants allophones et migrants dans le canton de Fribourg. «Le stress inhibe les apprentissages. Les récentes recherches en neurosciences l’ont démontré: on apprend plus facilement dans un environnement bienveillant», ajoute une enseignante, membre du groupe.
Confiance, respect mutuel, apprentissage au rythme de l’enfant, développement de la pensée créative font partie des objectifs que souhaite poursuivre l’école. «Nous n’inventons rien. Le type d’école que nous voulons créer existe déjà dans plusieurs endroits en Suisse», précise Tania Wiedmer. A l’image de l’école Mandala à Sierre où la majorité du temps scolaire se déroule à l’extérieur, Ecole Demain souhaite privilégier au maximum l’apprentissage dans la nature. «On peut faire des maths en jardinant. Créer du lien avec du concret permet de donner du sens à l’apprentissage», ajoute Cédric Müller, papa de deux garçons.
Une classe multi-âge
«Ce projet répond à un besoin de parents qui souhaitent offrir un environnement d’apprentissage différent à leurs enfants», souligne Elisabeth Weissbaum, précisant que l’enseignement répondra aux exigences du Plan d’études romand. L’école doit encore obtenir l’autorisation de la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport. «Nous avons déjà rencontré l’inspecteur, et nous allons finaliser notre dossier pour la fin décembre», précise Tania Wiedmer.
Gérée sur le mode de la gouvernance participative, l’association envisage d’ouvrir une classe multi-âge de 17 à 20 enfants de la 1H à la 4H, encadrés en permanence par deux enseignantes. Entièrement à la charge des parents (les écoles privées n’étant pas subventionnées), les frais d’écolage sont fixés en fonction des moyens financiers de la famille, soit au minimum 450 fr./mois et au maximum 1500 fr./mois (sur dix mois). «Nous souhaitons que l’école soit accessible au plus grand nombre», souligne Elisabeth Weissbaum. Sur son site internet (www.ecole-demain.ch), l’association a lancé un appel aux dons et donne la possibilité de parrainer un élève. Le collectif est à la recherche de matériel et de locaux dans le Grand Fribourg, où il envisage d’ouvrir une deuxième école.