Article dans la Liberté du 02.06.2020

Article original disponible ici

Elles veulent réinventer l’école

Photo © Alain Wicht / La Liberté

Une association souhaite ouvrir une école privée alternative dès la prochaine rentrée à Marly

THIBAUD GUISAN

Enseignement » Une autre voie éducative: c’est ce que souhaite proposer l’association École Demain. Le projet, porté par un collectif depuis 2016, doit se concrétiser par l’ouverture, dès la prochaine rentrée, d’une école alternative privée à Marly.

L’association envisage, pour commencer, d’ouvrir une classe enfantine (1H-2H). «L’idée est d’intégrer ensuite chaque année un degré supplémentaire, afin de proposer une classe multi-âge de huit degrés à la fin», expose Elisabeth Weissbaum. Cette habitante du Mouret, 57 ans, ancienne collaboratrice pédagogique pour la scolarisation des enfants allophones et migrants dans le canton de Fribourg, endosse le rôle de coordinatrice du projet. «Notre objectif est de diversifier l’offre scolaire», ajoute-t-elle.

Préavis favorables

A la recherche d’un lieu où s’implanter dans le Grand Fribourg, l’association a été séduite par les bords de la Gérine, à Marly. «Nous avons un préavis favorable de la commune, de l’inspectorat de la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS) et du Service des bâtiments de l’Etat de Fribourg. Nous attendons une décision formelle de la DICS», expose Elisabeth Weissbaum.

Initialement, le projet aurait dû d’abord voir le jour à Broc dans les murs du Village de la paix. La possible ouverture d’une autre école privée en Gruyère, des locaux nécessitant d’importants travaux de transformation et une demande plus importante dans le Grand Fribourg ont incité l’association à mettre la priorité sur l’ouverture d’une école aux abords de la capitale cantonale.

Deux enseignantes, travaillant aujourd’hui dans l’école publique, ont décidé de quitter leur emploi à la fin de l’année scolaire pour se lancer dans l’aventure. Elles assureront l’enseignement aux élèves. Parmi elles, Audrey Struss, 28 ans, de Fribourg. «L’enseignement, c’est ma passion. J’ai travaillé quatre ans à 100% avant de prendre une année sabbatique. J’en ai profité pour visiter plusieurs écoles alternatives, notamment dans le sud de la France. Je suis vraiment motivée par ce projet», expose la jeune femme, qui enseigne actuellement à une classe de 7H à Courtepin.

Coopération et nature

Ecole Demain, qui s’inspire de l’expérience de l’Ecole du Colibri, située dans le département de la Drôme (F), prône une pédagogie basée sur la coopération. Selon ce principe, les élèves s’entraident et apprennent les uns des autres. «L’autonomie est un autre élément clé. Les enfants apprennent à leur rythme. Ils choisissent parmi différentes activités ce qu’ils veulent faire et l’ordre dans lequel ils vont enchaîner les activités», résume Audrey Struss, pour qui cette notion n’est pas contradictoire avec le respect d’un programme. «Nous visons les objectifs du Plan d’études romand. C’est le chemin pour y parvenir qui est différent.»

« Notre objectif est de diversifier l’offre scolaire »

Elisabeth Weissbaum

L’enseignement dans la nature sera privilégié, et les élèves passeront environ la moitié du temps à l’extérieur. «Cela permet d’être en contact avec le réel», explique Audrey Struss, qui cite, comme exemples de projets, la mise en place d’un jardin en vue de cuisiner ou la construction de cabanes. «Pour toutes ces activités, il faut avoir la notion de l’espace, mesurer, coopérer, développer des compétences de langage», énumère-t-elle.

Contacts en cours

Ecole Demain, qui a lancé une campagne de financement participatif pour acquérir du matériel et aménager ses locaux, espère accueillir entre treize et quinze enfants à la rentrée. «Nous avons pour l’heure huit inscriptions. Les contacts sont en cours avec les familles intéressées. Nous allons tout faire pour ouvrir», détaille Elisabeth Weissbaum, consciente de la tâche qui reste à accomplir.

Entièrement à la charge des parents (les écoles privées n’étant pas subventionnées), les frais d’écolage sont fixés en fonction des moyens financiers des familles. La fourchette étant comprise entre 315 et 1260 francs par mois pour la 1H et 405 et 1320 francs par mois pour la 2H (sur dix mois). Un fonds de solidarité est prévu pour les familles à revenus modestes.


Huit écoles privées sont reconnues dans le canton

Le canton de Fribourg recense huit écoles privées reconnues par la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport (DICS), qui délivre les autorisations et joue le rôle d’autorité de surveillance. Parmi les exigences requises, le personnel enseignant doit disposer des qualifications professionnelles pédagogiques nécessaires, et la formation doit permettre d’atteindre les mêmes objectifs que les plans d’études en vigueur à l’école publique.

400’ élèves scolarisés dans des écoles privées fribourgeoises.

Pour le reste, certains établissements mettent l’accent sur l’enseignement religieux, alors que d’autres se basent sur une méthode particulière, à l’instar de la pédagogie Montessori. Si la plupart des établissements privés fribourgeois proposent des classes au niveau primaire, trois écoles assurent une formation de niveau secondaire (type cycle d’orientation). La fréquentation des écoles privées reste très marginale dans le canton. La DICS estime qu’un peu moins de 400 élèves sont scolarisés dans les écoles privées fribourgeoises (environ 250 dans la partie francophone et environ 140 dans la partie alémanique). En comparaison, l’école publique comptait près de 40’000 élèves lors de la dernière rentrée scolaire (7000 à l’école enfantine, 21’200 au niveau primaire et 11’100 au cycle d’orientation).

Alors que l’association Ecole Demain attend le feu vert de la DICS pour l’ouverture d’une classe enfantine à Marly, la fondation Ecole Universelle a obtenu une autorisation pour l’ouverture à la prochaine rentrée d’une classe unique avec sections maternelle et enfantine à Crésuz. L’ouverture effective dépendra du nombre d’inscriptions. «Toutes les demandes ne débouchent pas sur l’ouverture d’une école», note Floriane Gasser, collaboratrice scientifique auprès de la DICS, qui signale qu’un autre dossier est en cours d’examen. TG

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